Comment supporter se demande Michel Foucault, le face à face avec soi, lorsque notre propre image, Narcisse moqueur semble nous humilier. 

Ma pratique artistique me permet de donner corps à quelques réflexions personnelles, de les inscrire dans la matière pour les rendre davantage réels et palpables.

La place que l’on occupe ou qui nous est assignée, la perception de soi, notre image idéalisée ou métaphorique… ces concepts m’amènent à assembler, modeler, mouler, à m’approprier le réel dans une totale ironie… Rire pour ne pas pleurer. Sublimer quelques pulsions et ainsi apaiser les tensions entre le ça et le surmoi me dirait Sigmund entre deux références phalliques.  

Le point de départ est une rencontre entre deux ou plusieurs statues existantes…

Sans cesse à la recherche d’une pépite qui passerait inaperçue pour la plupart, c’est une véritable trouvaille sous mon regard. Une seconde vie t’attend mon enfant…

Ensuite commence le travail de dissection, de décapitation, ça coupe au pays des merveilles, et il faut savoir souffrir pour trouver une nouvelle jeunesse. Laissez-moi vous ôter ce museau ou ces ailes pour vous offrir de nouvelles nageoires…La métamorphose a déjà commencée. 

Puis, tel le docteur Frankenstein, j’assemble ma créature, modèle de nouvelles parties puis peaufine les détails. Le diable se cache dans les détails mais le créateur que je suis aime s’y perdre également pour effacer toute trace d’assemblage et de mon passage. 

Un nouvel être voit enfin le jour, une chimère de plus pour peupler cette réalité et celle-ci a dépassé sa propre lignée. La transcendance supplée la descendance. 

Le monochrome est souvent plébiscité pour finaliser cette rencontre et ancrer une unicité.

Essentiellement d’une tonalité rouge aux multiples interprétations elle est pour moi la couleur du sang porteuse de vie et de passion. Certaines autres pièces de couleur chair effacent un peu plus la frontière entre l’homme et l’animal pouvant créer un certain malaise et bousculer notre moralité.

« L’art comme l’absurde naissent tous deux du hasard. Ensuite les mots s’en mêlent, et tout devient légende, c’est-à-dire mensonge”. Jacques Folch-Ribas